Les habitants d’Aguessac exaspérés par les évangélistes
Des habitants du village, exaspérés par une nouvelle installation illégale d’un convoi d’évangélistes, ont manifesté mardi en prenant « en otage » une portion de l’A75.
Les habitants d’Aguessac voulaient marquer le coup. Exprimer, à la vue de tous, leur colère au lendemain de l’installation sauvage d’un convoi de 150 caravanes sur le terrain de foot du village. Alors, en marge des démarches administratives menées par les élus de l’intercommunalité, les plus remontés se sont rassemblés mardi, en fin de journée sur la place de l’Ormeau, avant de mener une opération escargot sur l’A75.
Motivés et un brin revanchards, les manifestants se sont ensuite séparés pour mieux déjouer la vigilance des soixante gendarmes mobiles en faction aux abords de l’échangeur de la Gamasse. Comment ? En pénétrant sur l’autoroute quelques kilomètres plus au nord, au niveau du col d’Engayresque. Ils ont ensuite bloqué la circulation dans le sens Nord-Sud pendant près d’une demi-heure, créant au passage un joli bouchon, avant d’entrer en négociation avec les gendarmes de la compagnie de Millau. Une quarantaine d’autres manifestants ont également accroché de part et d’autre d’un pont de l’A75 plusieurs banderoles signifiant leur exaspération.
Élus en rogne
Ceints de leur écharpe tricolore, les élus de la communauté se sont présentés mardi devant la sous-préfecture, avant même l’arrivée des manifestants. Pour le président Gérard Prêtre, il s’agissait d’exprimer leur solidarité avec les élus et la population d’Aguessac, mais aussi de dénoncer « l’immobilisme de l’État ». Comme le code des collectivités le lui permet, il a signé mardi, à l’intention de la mission évangélique “Vie et lumière”, un arrêté de mise en demeure d’évacuer le terrain de foot d’Aguessac sous 24 h. Cet arrêté a été notifié au représentant des évangélistes et transmis à la sous-préfète. « Nous, on comprend l’exaspération des riverains,
mais on a en marre de se faire apostropher alors que l’État ne fait rien », insistent les élus. La communauté a par ailleurs fait appel à une société de sécurité pour tenter de rassurer la population.
« Aujourd’hui, nous exprimons notre ras-le-bol » , lâche Gyslain Muller. Coprésident du club de foot local depuis 25 ans, il a mené les opérations et n’entend pas relâcher la pression. « Ces gens-là s’installent chez nous alors qu’il existe une aire de grands passages à côté. Les habitants et les commerçants d’Aguessac en ont marre de subir tous ces désagréments, toutes ces provocations, insiste-t-il. On a déjà vécu pareille situation il y a trois ans (fin juillet 2012, en fait, ndlr). Ils arrivent, ils cassent tout et font comme si tout leur était dû. Et malgré tout, c’est nous, les habitants, qui passons pour les vilains petits canards. Non, maintenant, il faut arrêter. Il faut que l’État fasse respecter la loi et protège nos intérêts, les intérêts de ceux qui paient leurs impôts. »
« La Marseillaise » sous les fenêtres de la sous-préfecture
La situation, bien que tendue, n’a jamais dégénéré. Des agriculteurs installés dans une quinzaine de tracteurs que les forces de l’ordre avaient contenu au départ sur la RD 29 ont même été autorisés à rejoindre le cortège, lequel a repris la route au ralenti, escorté par les militaires jusqu’à la sortie du viaduc de Millau. Les manifestants, près d’une centaine, ont ensuite convergé devant la sous-préfecture, où ils ont notamment scandé La Marseillaise et des slogans ouvertement hostiles à la communauté des gens du voyage. En soirée, un blocus du bâtiment de l’État était envisagé. Jusqu’à l’évacuation du campement illégal…
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